30ème dimanche du temps ordinaire (B) / 23-24 octobre, SAINT WENDELIN

Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (10, 46b-52)

En ce temps-là, tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait, était assis au bord du chemin. Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! » Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! » Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l’aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. » L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus. Prenant la parole, Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! » Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin.

Homélie

Jésus marche, les disciples suivent, la foule se presse… Du mouvement partout, ça marche, ça suit, ça ce presse, ça bouge, ça s’active, ça court… Tous sont en mouvement, sauf un, assis, au bord de la route, juste à côté, tout prêt, à portée de vue, à portée de main, à portée de cœur, et pourtant tellement loin, et ce n’est pas lui qui met la distance, il ne peut faire qu’un seul geste, tendre la main, une main que nul ne va serrer et pas à cause du COVID, une main dans laquelle, à la rigueur, on veut bien mettre une pièce pour se donner bonne conscience, pourvu qu’il ne nous embête pas plus, qu’il reste à sa place qui de n’en avoir aucune, de place, pourvu qu’il se taise, qu’il ne soit pas un obstacle entre nous et Jésus !

Mais l’obstacle, se sont tous les autres, celles et ceux qui forment autour de Jésus comme un mur infranchissable ! A la rigueur, d’autres, autour de ce cercle, à la rigueur, pourraient passer par eux, comme porte d’accès ! mais voilà, il n’en tient pas compte, l’aveugle, il crie, et il crie encore ! Et il n’en tient pas compte, Jésus, il entend et il le fait amener ! Ces deux-là devaient se rencontrer, pour les autres c’était juste de la curiosité, pour eux, c’était vital ! Et celles et ceux qui étaient un obstacle, n’ont plus d’autres choix que de laisser cette rencontre se faire, de se mettre, eux, au deuxième plan ! Non seulement ils s’écartent, mais ils doivent amener à Jésus cet homme, sans avoir aucune influence sur ce qui se passera, sans y tirer aucun intérêt personnel, sinon de voir le bien s’accomplir ! Juste amener l’homme à Jésus et s’écarter pour laisser agir Jésus lui-même ! Voilà qui doit être le rôle de l’Eglise, voilà le rôle qu’aurait toujours dû jouer l’Eglise, amener à Jésus, particulièrement celles et ceux qui en ont le plus besoin, et laisser les choses se faire ! Au minimum ne pas se faire « obstacle », ce qui serait quand même paradoxal, avouez, quand le mot « Religion » veut dire « relier », oui, au minimum ne pas se faire « obstacle », mais au maximum, être courroie de transmission, relais, garder une place humble, d’autant plus efficace que discrète, d’autant plus utile que désintéressée, pour que la rencontre soit possible, la seule qui compte, celle de la main qui se tend vers celle qui peut la saisir, pour se relever, se remettre sur le chemin, se mettre en mouvement au milieu des autres !

Mes amis, nous pouvons nous reconnaître dans chacun de ces personnages… Dans celui qui crie vers Jésus, parfois ! Dans celles et ceux qui font obstacle, qui suivent joyeusement sans se soucier du reste, seuls au monde, parce qu’on peut être seul même dans une foule ! Peut-être que, ce matin, l’un ou l’autre, assis dans les bancs de cette église, se sent pourtant comme à la marge de l’assemblée ! Que chacune et chacun se sente ce matin chez lui, pas chez nous, ce n’est pas à nous, ce n’est ni chez soi, ni chez nous, c’est chez « Lui » ! Lui, avec un grand L, majuscule, chez celui qui tend la main pour que nous la saisissions, il faut le mouvement des deux !

Aussi, mes amis, reprenons conscience que nous ne sommes pas invités à être une foule, mais une communauté, comme une famille, dans laquelle chacun se préoccupe des autres, pour se tourner, ensemble vers celui qui les entend, vers celui qui donnera l’intelligence, l’audace, la force, d’y répondre avec lui ! Parce que chaque cri doit recevoir sa bonne réponse, chaque cri peut recevoir sa bonne réponse !

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